La Saintoise : bateau traditionnel de l’archipel des Saintes

Paysage de l'archipel et la Saintoise : bateau des saintes.

Au cœur des Antilles françaises, l’archipel des Saintes dévoile ses plages, ses îlots préservés et ses eaux cristallines. Elles offrent un décor de rêve aux amoureux de la mer. Véritable emblème de ces îles, la Saintoise : bateau traditionnel qui incarne l’âme maritime des Saintes.

Embarquement immédiat pour un voyage au fil de l’eau, à la découverte de cette embarcation typique des Saintes.

Les Antilles françaises ne l’ont pas toujours été

Avant de parler de la Saintoise, bateau emblématique des Saintes, il est essentiel de se replonger dans l’histoire de cet archipel.

Bien avant l’arrivée des Européens, les îles des Saintes étaient déjà habitées par les Amérindiens. Il s’agissait notamment les Arawaks, suivis des Caraïbes. En 1493, lors de son deuxième voyage, Christophe Colomb aperçoit cet archipel, mais les Espagnols ne s’y installent pas durablement.

Ce n’est qu’au XVIIe siècle, avec la colonisation française de la Guadeloupe, que les Saintes voient arriver de nouveaux habitants. Ceux-ci marqueront à jamais le développement de la culture locale.

Les Saintes : une âme bretonne aux Antilles

L’arrivée des Bretons dans ces îles s’explique avant tout par la richesse de ses eaux poissonneuses. Contrairement à d’autres régions des Antilles, où la culture de la canne à sucre dominait, les Saintes offraient un environnement idéal pour les activités maritimes, notamment la pêche. Les Bretons, marins aguerris habitués à naviguer sur les côtes de l’Atlantique, ont vu en cet archipel un véritable paradis pour leurs métiers.

Les conditions naturelles et l’abondance des ressources maritimes les ont attirés, les incitant à s’y installer pour exploiter les richesses sous-marines de l’archipel. Ainsi, loin des plantations de canne à sucre, les Bretons ont contribué au développement des activités de pêche et à l’expansion du commerce maritime dans la région.

Leur savoir-faire en navigation et en construction navale s’est enraciné dans la culture locale, forgeant une identité maritime durable. Cette tradition se perpétue encore aujourd’hui à travers la Saintoise, bateau traditionnel et symbole vivant de cet héritage.

La Saintoise : bateau des Saintes : de la tradition à l’innovation

La Saintoise, bateau emblématique, est une embarcation traditionnelle conçue par les pêcheurs des Saintes. Inspirée des embarcations bretonnes, les charpentiers l’ont adaptée aux conditions maritimes de l’archipel. Elle remplace progressivement les pirogues et les gommiers grâce à sa rapidité et sa stabilité.

D’après une affiche au musée du Fort Napoléon aux Saintes :

Un patrimoine maritime unique

La Saintoise traditionnelle était conçue pour affronter les mers agitées des canaux de la région. Plus stable que la pirogue, elle demandait néanmoins des marins expérimentés pour éviter les chavirages. Avec sa structure fine et son gréement distinctif – une grande voile triangulaire accompagnée d’un foc – elle était parfaitement taillée pour affronter les eaux mouvementées entre la Guadeloupe et la Dominique. Idéale pour la pêche, elle s’adaptait aux diverses pratiques maritimes locales. Avec l’arrivée des moteurs hors-bord dans les années 1950, la Saintoise a évolué pour intégrer cette nouvelle technologie.

La Saintoise : bateau à voile selon son usage

Il existait plusieurs types de Saintoise, dont la Misaine, une petite embarcation de pêche, le Petit Boat et le Grand Boat, utilisés pour la pêche en mer, ainsi que de grandes Saintoises pour la pêche à la senne. Ces canots étaient manœuvrés à la rame et pouvaient accueillir plusieurs pêcheurs. Au fil du temps, les moteurs ont peu à peu supplanté la Saintoise. Pourtant, une tradition s’est maintenue grâce au Comité Guadeloupéen de Voile Traditionnelle (CGVT). Aujourd’hui, cette organisation met en valeur ces embarcations à travers des régates et divers événements. Les canots utilisés en compétition doivent respecter des critères précis en termes de dimensions et de matériaux, garantissant ainsi la préservation d’un savoir-faire ancestral.

Saintoise traditionnelle au musée du fort Napoléon conçue pour naviguer dans les eaux agitées des Antilles.

De la mer à l’assiette : la pêche locale au cœur de la cuisine des Saintes

La pêche locale occupe une place centrale dans la gastronomie des Saintes. Les restaurateurs privilégient les produits frais issus des eaux environnantes. Autrefois indispensable à cette activité, la Saintoise, permettait aux pêcheurs de naviguer aussi bien près des côtes qu’au large. Ainsi, cela permettait aux pêcheurs de rapporter aux restaurateurs une grande diversité d’espèces marines.

Aujourd’hui encore, bien que les techniques aient évolué, l’esprit de cette pêche artisanale perdure. Certains restaurateurs de l’île entretiennent un lien étroit avec les marins pêcheurs. Ainsi, ils mettent à l’honneur des plats préparés avec les prises du jour. En perpétuant cette tradition, ils valorisent à la fois le savoir-faire des pêcheurs et l’héritage de la Saintoise. De ce fait, cela permet d’offrir aux visiteurs une expérience culinaire authentique, ancrée dans l’histoire maritime des Saintes.

Alain Foy, gardien du savoir-faire de la Saintoise : bateau traditionnel

J’ai rencontré le dernier charpentier de la Saintoise dans son atelier. Là-bas, résonne encore l’écho des gestes précis des anciens charpentiers de marine. Au cœur de cet univers, au milieu des copeaux de bois et des outils patinés par le temps, il m’a parlé avec passion de la Saintoise, cette embarcation emblématique des Saintes qu’il continue de construire avec un savoir-faire hérité des générations précédentes.

Pour façonner ces bateaux, Alain Foy sélectionne avec soin les essences de bois, qu’il utilise en fonction des différentes parties de la barque. L’acajou, reconnu pour sa solidité et sa résistance à l’humidité, en fait partie, aux côtés d’autres essences choisies selon leur souplesse ou leur robustesse, afin de répondre aux exigences de chaque élément de l’embarcation.

Chaque pièce est taillée, ajustée et assemblée à la main. À travers son travail, il perpétue non seulement une technique, mais aussi une mémoire vivante de l’histoire maritime des Saintes. On peut voir qu’il travaille avec une passion évidente, chaque geste témoignant de son engagement à préserver ce savoir-faire unique, avec le désir de le maintenir vivant.

Plus qu’un simple charpentier, Alain Foy est un gardien du patrimoine maritime, donnant encore et toujours naissance à des Saintoises prêtes à affronter le large.